Stéphane Bureau est critiqué par l'ombudsman
« Le Bureau de l’ombudsman est responsable d’évaluer si les dispositions des Normes et pratiques journalistiques de Radio-Canada sont respectées dans tous les contenus sous sa juridiction. » Ombudsman, Radio-Canada
Le journaliste Stéphane Bureau est critiqué par l'ombudsman de Radio-Canada. « L’ombudsman de Radio-Canada reproche à Bureau, non pas les questions qu’il a posées, mais les questions qu’il n’a pas posées. [...] Selon l'ombudsman, Bureau aurait dû confronter Monsieur Raoult avec plus de vigueur.» (Sophie Durocher, JdM, 30 juillet 2021).
Sébastien Benoit est défendu par l'ombudsam
En juillet 2014, le journaliste Sébastien Bovet reçoit en entrevue le Consul général d’Israël à Montréal, M. Joël Lion. Une des questions de Bovet : ''Est-ce qu'une vie dans la bande de Gaza est moins importante qu'une vie dans Israël?'' Personnellement, je trouve que cette question est une insulte. Si cette question se retrouvait dans les médias sociaux, son auteur serait accusé d'écrire des propos haineux.
J'écris à l'ombudsman de Radio-Canada.
Mon courriel
Sébastien Bovet interview le consul général d'Israël pour le Québec, Joël Lion. Il est très agressif. Il pose entre autres la question : ''Est-ce qu'une vie dans la bande de Gaza est moins importante qu'une vie dans Israël?'' CE N'EST PAS UNE QUESTION, MAIS UNE INSULTE. Le consul explique qu'Israël reçoit des roquettes et qu'il défend ses habitants. Le consul insiste pour expliquer que les habitants sont avisés d'une attaque, mais que le Hamas leur demande de ne pas bouger, de se sacrifier. Malgré cela, Bovet en remet.
Où est le professionnalisme de ce journaliste?
Réponse de l'ombudsman
Montréal, le mardi 29 juillet 2014
Monsieur Bérard,
Nous avons pris connaissance de la plainte que vous avez adressée à l’ombudsman de Radio-Canada. Comme d’habitude, il nous offre un premier droit de réponse.
Vous trouvez que chef d’antenne Sébastien Bovet a été agressif envers le Consul général d’Israël à Montréal, M. Joël Lion, le 24 juillet dernier. Lors de cette entrevue à l’émission 24 heures en soixante minutes, vous allez jusqu’à dire qu’il a insulté le consul.
Veuillez d’abord nous permettre une remarque générale : nous sommes conscients que la couverture du Moyen-Orient demande un haut niveau de précision. Dans le but de l’atteindre, nous exerçons une supervision éditoriale étroite qui s’appuie sur un ensemble de moyens. Parmi ceux-ci, mentionnons que le soin de traiter de cette question à l’antenne est confié à des journalistes expérimentés.
Leur travail, difficile en temps normal, se complique en temps de guerre. Déjà limité par le danger omniprésent, le mouvement de nos reporters sur le terrain est contrôlé par les belligérants. Cela empêche souvent la vérification des faits, ce qui prive l’action journalistique de son principal levier. Dans une guerre, vous le savez, l’information est une arme de plus aux mains des combattants. Non seulement le reportage, mais aussi l’interprétation des faits deviennent alors malaisés.
Cela étant dit, si nous commettons par mégarde une erreur à l’antenne, nous sommes heureux qu’elle soit portée à notre attention.
Pour répondre adéquatement à votre plainte, nous avons réécouté attentivement l’entrevue du 24 juillet.
Précisons d’abord le contexte : une bombe est tombée plus tôt en journée dans une école de Gaza, provoquant la mort de nombreux réfugiés. Les deux belligérants, le Hamas et Israël, se renvoient la faute. Dans un reportage présenté avant l’entrevue, notre envoyée spéciale dit qu’il est « …impossible de déterminer avec certitude, pour le moment, l’origine de cette série d’explosions». Elle interroge un représentant de l’ONU qui montre cependant Israël du doigt.
L’objectif de l’entrevue que M. Bovet mène ensuite avec le Consul général d’Israël, M. Joël Lion, est de vérifier ce soupçon. «Comment justifier cette attaque ?» demande notre chef d’antenne. Ce à quoi M. Lion répond que « … vraisemblablement, c’est une roquette du Hamas qui a été tirée sur cette école». Le consul justifie sa conclusion en s’appuyant sur un message de l’ONU. M. Bovet cite à son tour un communiqué du Secrétaire-général de l’ONU, qui semble faire porter la faute sur Israël.
L’entrevue glisse sur l’ensemble des victimes civiles du conflit, pour lesquelles M. Lion rend le Hamas responsable, car il empêcherait les habitants de Gaza de quitter les zones de combat. M. Bovet souligne ensuite la disproportion entre le nombre des victimes palestiniennes et israéliennes. Le consul rétorque que ces chiffres sont le résultat de l’utilisation, par le Hamas, des civils comme boucliers humains.
Tentant ensuite de faire admettre à son interlocuteur que c’est Israël qui a déclenché le conflit, M. Bovet lance : « Mais vous êtes l’agresseur : n’êtes-vous pas l’agresseur dans la campagne terrestre ? ». M. Lion s’en défend et invoque la légitime défense.
Quand le chef d’antenne cite le communiqué d’une agence de l’ONU sur la disproportion des forces en présence, M. Lion discrédite cette agence à laquelle participent des pays non démocratiques. Lorsque M. Bovet demande: « Tuer des civils est-il un crime de guerre ?», M. Lion répond par une question : « Se défendre est-il un crime de guerre ?» et il poursuit en invitant le journaliste à ne pas mettre sur le même pied Israël et un groupe terroriste. Le reste de l’entrevue est une répétition des mêmes arguments.
L’entrevue, nous le voyons, couvre un large terrain, de l’origine de la bombe lancée sur l’école jusqu’à la cause du conflit armé qui a commencé le 17 juillet, en passant par la légitimité d’un des belligérants. En tant que porte-parole d’une des parties, il est clair que M. Lion est sur la sellette, car M. Bovet veut des réponses franches et précises. Le ton de M. Bovet est ferme et parfois insistant, mais il n’est jamais hargneux ou irrespectueux.
Il serait erroné de considérer cet échange comme l’expression d’un parti-pris anti-israélien ou pro-palestinien de l’interviewer. Dans un entretien de ce genre, il est normal que le journaliste présente à son invité des faits et des arguments qui proviennent de sources extérieures. Vous aurez noté que les questions de M. Bovet s’appuyaient en majorité sur des communiqués officiels de l’ONU. Il est aussi normal que le journaliste mette en avant le point de vue des opposants. Cela ne révèle en rien ses opinions personnelles: ce n’est qu’un moyen de permettre à l’invité d’expliquer ses positions en allant au-delà du discours formaté.
Cette dernière façon de faire est souvent mal comprise : notre écoute d’une entrevue est inévitablement teintée par nos inclinations personnelles et il difficile d’admettre qu’un invité pour lequel nous éprouvons de la sympathie se fasse servir les arguments d’un opposant que nous ne portons pas dans notre cœur. Mais il est nécessaire, dans la recherche de la vérité, qu’un journaliste puisse poser sans entrave toutes les questions qu’il juge utiles.
Dans l’entrevue serrée du 24 juillet, vous conviendrez avec nous que M. Lion a bien réussi à livrer son point de vue. Permettez-nous aussi de souligner que, depuis le début du conflit, le consul a eu amplement l’occasion de s’exprimer sur nos plateaux. En date d’aujourd’hui, nous avons recensé quatre entrevues de M. Lyon (2 fois le 17 juillet, le 24 juillet et le 25 juillet) au cours desquelles il a disposé du temps nécessaire pour expliquer les positions de son pays.
Quant à l’intégrité de M. Bovet, nous ne croyons pas qu’il faille en douter. Il est un journaliste expérimenté et rigoureux, qui a depuis longtemps acquis la capacité de se distancier de ses opinions personnelles. À l’image des autres journalistes de Radio-Canada, il est conscient des attentes élevées du public à cet égard.
Nous espérons que ces quelques réflexions vous paraîtront utiles et vous permettront de mieux comprendre notre démarche. Nous vous rappelons que si vous le jugez nécessaire, vous pouvez de nouveau faire appel à l’ombudsman. Le Bureau de l’ombudsman est une instance indépendante (ombudsman@radio-canada.ca, 514-597-4757, sans frais 1-877-846-4737).
Nous vous prions de recevoir, Monsieur Bérard, l’expression de nos sentiments distingués.
Luc Simard
Directeur, Diversité et Relations citoyennes, Radio-Canada
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Je suis entièrement d'accord avec tout ce qu'écrit l'ombudsman, sauf que ça ne répond pas à ma question. Dans sa réponse, il n'y a aucun commentaire sur la question de Bovet : ''Est-ce qu'une vie dans la bande de Gaza est moins importante qu'une vie dans Israël?''
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Selon ces deux faits (Bureau et Bovet), il est clair que l'ombudsman encourage plus les coups de poing que les questions pertinentes. Il faut remonter la cote d'écoute.
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